La barre était très haute, comment revenir treize années après le succès du premier opus d’Avatar qui avait amené des millions de personnes partout dans le monde à voir le film ? C’est toute la question que s’est posée James Cameron, et à laquelle tente de répondre Avatar : la voie de l’eau, le second opus de la désormais saga du réalisateur, rachetée par Disney il y a quelques années.
Daily Disneyland a pu voir le film en avant-première pour vous : dans cet article, nous reviendrons sans spoiler, sur ce que vaut vraiment ce nouvel Avatar.
Un film en trois temps
Première angoisse de mon côté : le film dure près de 3h15. J’adore les films qui prennent le temps de poser leur histoire, leurs personnages, mais 3h15! C’est sacrément long. Même Interstellar n’en faisait pas autant. Plus long que le premier qui avait tellement surpris que les cinémas proposaient alors des entractes : quel challenge! Et puis surtout, 3h15 pour quoi faire ? James Cameron et ses équipes ne pouvaient-ils pas tout résumer en 2h30 ? A la sortie de la salle, j’obtiens ma réponse : les 3h15 étaient non seulement nécessaires, mais passent très vite tant l’histoire est intéressante.
Tout de suite, en sortant de la salle, un premier ressenti me vient en tête : ce film se décompose en 3 parties bien distinctes, qui correspondent finalement aux réflexions que j’ai pu avoir en temps réel : d’abord (1) une introduction, un peu longue, qui fait le lien entre l’histoire précédente et le pourquoi de ce nouvel opus, (2) le coeur de ce nouveau chapitre, à l’allure parfois proche du blockbuster et puis (3) un dernier tiers que l’on peine à voir venir mais qui suffit à signer le retour du style Cameron et l’élégance de l’esprit de la série Avatar.
Faut-il vraiment revoir le premier opus pour comprendre le second ? C’est toute la question à laquelle répond le premier tiers de ce nouveau film : Avatar – la voie de l’eau. Si vous avez le temps, c’est effectivement toujours mieux, mais sinon, le premier tiers de la voie de l’eau suffit à vous rafraichir la mémoire. Les premières minutes du film suffisent à remettre en tête les raisons de l’histoire initiale. En bref, si vous ne vous souveniez plus exactement quand et pourquoi Jake Sully est resté sur Pandora, le premier tiers du film vous remettra les idées en place. Cette première partie, pensée comme une sorte de “ce que vous avez manqué pendant ces années d’absence”, permet de reprendre le fil de l’histoire là où l’avions laissée et de saisir ce qu’il s’est produit en ces 13 années d’absence. L’implantation de Jake Sully sur Pandora s’est confirmée au point qu’il en soit tout pleinement intégré à la communauté, et avec lui la famille qu’il a fondée. C’est justement l’explication de ce nouvel opus : les américains, toujours frustrés du fait que Jake Sully ai délaissé sa mission pour s’installer pleinement sur Pandora et faire corps avec cette civilisation qu’ils étaient alors venus exploiter, menant à l’échec leur mission initiale, ont pour projet de revenir afin de chercher Jake Sully, mettre un terme à son activité sur Pandora, mais plus globalement à sa vie, permettant la reprise pleine et entière de la mission originelle.
Le film dérive ensuite vers le coeur de cet opus : le retour tant appréhendé de “ceux venus du ciel”, de retour sur Pandora, plus forts que la fois précédente, pour reprendre le cours de leur mission. C’est le coeur de cet opus : la revanche comme motivation et la volonté d’en finir avec une civilisation qui leur résiste. Cette menace nouvelle, d’une ampleur sans précédent, obligera les Sully à migrer dans un autre écosystème : celui de l’eau, à qui James Cameron consacre ce film. Ainsi, le second tiers de cet opus fera la par belle à la découverte de ce nouvel univers, tant en mettant en scène le désastreux retour des humains sur Pandora.
C’est la stupidité des raisons de leur intervention et la beauté du peuple de Pandora qui fera d’ailleurs toute l’élégance du dernier tiers de ce film. Très attendu pendant ces 3h15, le dernier tiers vient confirmer que le style James Cameron n’a pris aucune ride : l’émotion est justement dosée et la morale, jusqu’alors bien enfouie dans les méandres de ces aventures aux élans spectaculaires, finit enfin par surgir mais brille par la beauté de sa simplicité. On y retrouve là une vraie élégance, celle d’Avatar, de livrer une histoire aussi spectaculaire que forte. Ce dernier tiers concentre à lui seul une grande part de la réussite d’Avatar – la voie de l’eau.
Techniquement, une nouvelle claque
Mais si James Cameron avait surpris par l’aspect très avant-gardiste de son scénario en 2009, renouvelé en 2022, le premier opus d’Avatar était surtout resté dans les mémoires par la prouesse technique qu’il incarnait. 13 ans plus tard, alors que les technologies utilisées au cinéma n’ont jamais été aussi puissantes, James Cameron et ses équipes démontrent qu’ils savent encore innover, disrupter cet univers pourtant très codifié.
En mettant au point ses propres techniques, James Cameron propose une image encore jamais vue au cinéma : celle d’un réalisme époustouflant, dont les mouvements de chaque action étonnent par leur fluidité. On relèvera une “motion” proche de celle d’un jeu vidéo ultra-développé, qualifiant presque l’image de trop rapide pour l’oeil humain tant la perfection visuelle semble réalisée.
Dans le premier tiers, James Cameron nous montre qu’il a renouvelé les techniques utilisées au design de l’univers de la forêt, dans les deuxième et troisième tiers : il illustre à quel point ses équipes ont fait un travail de géant en imaginant le monde de l’eau, au sein duquel se déroule l’essentiel de l’action. Les créatifs de chez Pixar avaient déjà décrit la difficulté de reproduire les mouvements de l’eau : les équipes d’Avatar arrivent dans ce film à en représenter toute la complexité.
La bande-originale, aussi très présente, est mémorable, notamment de par la puissance qu’elle confère aux images qu’elle accompagne. Plus qu’une couche de plus au fond, elle constitue une couche supplémentaire au service du fond, des images et de l’émotion de cette histoire.
NB : Nous vous recommandons vivement, bien que le coût de ces salles soit souvent exorbitant, de voir le film dans les meilleurs conditions possibles. Oubliez, la 4D, ça donne mal au ventre : mais une grande salle, un très bon écran, un système sonore de qualité et même de la 3D sont vivement recommandés pour profiter pleinement de l’expérience. (Note personnelle : ayant peu utilisé la 3D depuis quelques années, j’ai été bluffé par l’utilisation faite de cette technologie et l’évolution du confort de ce supplément au cinéma : les lunettes sont bien meilleures qu’avant, et la 3D moins agressive)
Avec Avatar – la voie de l’eau, James Cameron signe son grand retour au cinéma, 13 ans après la sortie du premier opus. En proposant, au-delà des effets visuels bluffants diffusés à l’écran, une véritable ode à la famille et aux liens qui nous unissent, il signe là un film qui fera date. Plus qu’une simple saga, les Avatar sont désormais deux chef-d’oeuvre de pur cinéma : mêlant tous les styles, innovant constamment sur la technique, surprenant par la tournure de leur histoire, déroutant nos émotions et nos sens. A voir sans hésitation aucune.