La presse généraliste et économique en parle ! Nouvel épisode de la saga de la transformation du parc Walt Disney Studios : ce dernier sera rebaptisé Disney Adventure World à l’inauguration du land La Reine des Neiges. Ce changement de nom a suscité pléthore d’articles dans des grands titres comme L’Express, Le Point, Les Echos. Comment Disneyland Paris a fait couler toute cette encre par l’annonce des prochaines étapes de sa « transformation historique » ? Retour sur le communiqué de l’entreprise.
Nouveau double récit du parc
Avant de parler de cette transformation estimée « historique », revenons à cette euphorisation des refontes de ce qu’on peut appeler les « seconds parcs » et dont les parcs Disney sont familiers. Le cas d’école est l’actuel Disney California Adventure dont le thème d’une Californie condensée a été refondu au profit d’un univers consacré à l’âge d’or d’Hollywood entre 2007 et 2012.
Le média institutionnel de Disneyland Paris retourne les tribulations du parc Walt Disney Studios, auquel on reproche souvent son manque d’attractions et d’identité, en récit tourné vers l’amélioration continue en trois étapes : coulisses des industries culturelles, intégration des licences, refonte globale.
Ce récit institutionnel enrobe le récit du produit. Ce qui est intéressant, c’est la teneur événementielle du thème du futur Disney Adventure World : d’abord, immersion à l’entrée dans un soirée glamour à l’hollywoodienne (World Premiere) puis la zone théâtrale inspirée de Broadway (World Premiere Plaza). On n’est plus dans les coulisses du cinéma mais dans les manifestations sociales et urbaines de son industrie : la formule “World Premiere », c’est l’expression même de la concentration des projecteurs tournés vers des lieux spécialisés et iconiques. Hollywood et Broadway participent au storytelling de l’industrie, aussi important que les productions elles-mêmes.
Une nouvelle géographie qui soulève encore des questions
L’événementiel est couplé à l’invitation au mouvement, avec la récurrence d’espaces de transition sous la forme d’Adventure Way, le nom de la promenade d’inspiration Art Déco annoncée depuis maintenant plusieurs années qui mènera au lac (Adventure Bay). Le plan statique des studios de l’ancienne version (front lot, back lot, etc.) est remplacé par une toponymie paysagère et urbaine qui rappelle la géographie des parcs Disney récents : Hollywood Studios et California Adventure avec leurs rues, leurs boulevards, leurs avenue, leurs lacs, leurs rues places et cours. A l’unité thématique des studios de cinéma se substituent des espaces dont les jeux d’échelle (de la place à la baie !) permettent de rythmer le parcours.
Ce qui change, finalement, des Walt Disney Studios à Adventure World, c’est le squelette narratif qui relie les lands. Malgré tout, le communiqué, s’il montre la cohérence et la fonctionnalité de la colonne vertébrale, il peine à montrer le lien entre les lands. La reliure du livre est claire, les rapports entre les chapitres le sont moins, si ce n’est l’affirmation de généralités comme la valorisation des franchises par des univers immersifs.
Discours de l’innovation
Comme à l’accoutumé, le discours institutionnel de Disneyland Paris use de la saturation pour créer un nouvel épisode de la saga des révélations, à plusieurs égards : le changement est indéterminé (« toutes nouvelles expériences », « nouveaux sommets », « offres encore plus magique »), le caractère historique du changement est répété (« nouvelle ère », « extension sans précédent »). Dans cette introduction ne s’exprime rien d’autre que l’idée de nouveauté, déclinée à l’envi. L’annonce du nouveau, c’est déjà un évènement, d’autant plus qu’une partie de cette annonce concerne les dimensions verbales du parc : son « repositionnement créatif », sa « nouvelle identité visuelle », son changement de nom. Disneyland Paris crée l’évènement: n’est-ce pas son métier ? Ce qui peut décevoir, aussi, c’est l’homogénéisation des “seconds parcs” Disney en un concept unique d’aventures diverses. Le parc Walt Disney Studios avait tous les défauts du monde mais il proposait de voir autrement l’industrie hollywoodienne que dans son âge d’or fantasmagorique.