allée végétale expansion parc walt disney studios attraction raiponce disneyland paris

Promenade fantaisiste des Walt Disney Studios : un nouvel âge d’or du loisir

En 2018, Disneyland Paris fait la une de la presse économique et des médias spécialisés dans l’observation de l’industrie des parcs à thème après l’annonce par Bob Iger d’un plan de développement de deux milliards d’euros. Substantiellement consacré à l’extension du parc Walt Disney Studios, ce plan donne naissance à un nouveau hub dans le prolongement du Hollywood Tower Hotel. Un lac imposant restructure le parc en distribuant trois nouvelles zones autour de ses berges.

Si l’attention s’est beaucoup portée sur la thématisation de ces trois nouveaux lands, la zone distributrice du lac fait aussi parler d’elle depuis un premier communiqué en mai 2019, un deuxième en avril 2022 puis un troisième en septembre 2022. En quoi le parc Walt Disney Studios peut y acquérir une nouvelle identité tout en s’ancrant davantage dans l’écosystème de Disneyland Paris ?

La “malédiction” des seconds parcs : comment s’affranchir du magic kingdom ?

Ces annonces constituent une occasion de revenir sur les atermoiements des « seconds parcs » des complexes Disney qui ont toujours dû s’imposer face au modèle hégémonique du magic kingdom. Ce dernier tire sa force de ses contrées originales et inspirées des productions emblématiques des studios qui s’organisent en plan circulaire autour du château.

Le Parc Disneyland et les Magic kingdoms qui le précèdent et lui succèdent se composent d’univers inspirés d’époques qualifiées de transitoires dans l’histoire occidentale. Ils mettent surtout en avant l’esprit conquérant, tant technique que géographique, et les contrées parcourues à l’occasion de ces découvertes. Les seconds parcs, conditions au développement des complexes touristiques, ont, eux, régulièrement connu des crises de concept.

EPCOT ouvre en 1982 en thématisant le modèle de l’exposition universelle, lieux mêlant divertissement, commerce et foire à l’innovation industrielle. Ce thème se substitue au projet d’utopie urbaine imaginé par Walt Disney avant sa mort en 1966.

Le troisième parc de Walt Disney World, MGM Studios ouvre en 1989, avant d’être renommé Disney’s Hollywood Studios en 2008. Les lands prennent le nom d’artères emblématiques de la célèbre colline, tout en agrégeant des légendes du cinéma, comme Toy Story et Star Wars. Progressivement, le parc perd sa thématisation de studio pour devenir une représentation légendaire d’Hollywood et de ses films incontournables.

En 2001, Disney’s California Adventure Park est inauguré avec une thématisation abstraite et symbolique de la Californie. A partir de 2010, une re-thématisation est engagée sur le modèle des Disney Hollywood Studios floridiens qui ancrent le récit du parc dans l’âge d’or de l’industrie cinématographique des années 1930. Les licences populaires sont progressivement ajoutées au thème de la Californie (Cars Land, Pixar Pier) ou à celui de Hollywood (Avengers Campus en tant qu’usine à héros).

De ce fait, ces légendes du cinéma peuvent prendre place aussi bien dans les magic kingdoms que dans les parcs au thème hollywoodien : Galaxy’s Edge est au Parc Disneyland en Californie mais au Hollywood Studios en Floride.

Walt Disney Studios connaît la même trajectoire que ses deux prédécesseurs dédiés au thème du cinéma. Les annonces de 2018, précédées des zones Ratatouille, Toy Story et Pixar, confirment un glissement du thème initial des coulisses du cinéma incarnées par Front Lot, Back Lot, Production Yard, vers les légendes d’Hollywood et les succès Disney (Avengers, Reine des Neiges). Si Chaque zone gagne en structuration, cohérence et épaisseur, l’ingrédient et le méta-récit qui lieront chacune des parties sont encore à découvrir, au gré des contraintes spatiales et des choix successifs.

Le communiqué de 2022 sur l’aménagement des abords du lac central permet de formuler une hypothèse.

La promenade du lac dans l’écosystème thématique de Disneyland Paris

Le communiqué de presse de Disneyland Paris d’avril 2022 décrit l’arrivée au Walt Disney Studios d’une « nouvelle promenade au cœur d’un écrin de verdure ».

En termes d’éléments structurels, Disneyland Paris confirme le rôle itératif et contemplatif de la nouvelle zone sous le sceau de la « rêverie » : « promenade paysagère », « jardins thématiques », « allée verdoyante », « lac », « vues panoramiques imprenables ».

En termes d’activités, toutefois, la zone inclura toutefois du « divertissement » avec une attraction familiale dont on sait qu’elle sera thématisée sur le classique Raiponce, ainsi que des rencontres avec des personnages.

Enfin, à ce divertissement s’ajoutera un restaurant dont la décoration sera inspirée de l’esthétique Art nouveau. Né à la fin du XIXe siècle, l’Art Nouveau est caractéristique de la Belle Epoque. Il se prolongera dans les années 1920 et 1930 avec le mouvement Art déco. Privilégiant la légèreté des courbes et les références à la nature aux lourds motifs victoriens, l’Art Nouveau s’est illustré dans l’architecture et les arts décoratifs, avec Victor Horta, en assumant sa fonction utilitaire. Les bouches du métropolitain parisien d’Hector Guimard en sont des œuvres iconiques. Les affichistes, comme Mucha, ont démocratisé le genre dans des publicités aujourd’hui plébiscitées.

Une inspiration Art Nouveau dans la future zone du lac peut s’inscrire avec cohérence dans l’écosystème thématique de Disneyland Paris.

allée végétale expansion parc walt disney studios attraction raiponce disneyland paris

Une harmonie narrative

Le premier facteur d’inscription harmonieuse est narratif. L’annonce d’un restaurant et de la zone qui l’entoure qualifiés d’inspiration Art Nouveau complète en effet le cheminement stylistique des parcs.

Les jardins Fantasia à l’anglaise mènent vers le Disneyland Hotel, Main Street, dont le récit est résolument évolutif, et, plus loin, le Plaza Gardens. Ce trajet balaie les différentes sensibilités de la période de la première industrialisation. Les premiers signes de l’Art Nouveau s’observent déjà dans l’esthétique du Gibson Girl et de la publicité Nescafé au-dessus de Main Street Motors, particulièrement proche du travail de l’artiste Mucha. La décoration élancée et toute en courbes du salon Discoveryland du restaurant Walt’s s’ancre aussi dans cette mouvance. L’esplanade des parcs et l’entrée des Walt Disney Studios s’inscrivent dans le style Art déco, plus classique, et l’âge d’or hollywoodien des années 1920-1930.

L’Art Nouveau vient compléter ces enchevêtrements stylistique avec les décennies 1890-1910.

Poster du Gibson Girl, à l’esthétique proche de l’affichiste Mucha

Une fantaisie propice à la fonction fédératrice du hub

Le communiqué ne précise pas la teneur du pluriel des « jardins thématiques » qui seront développés autour du lac, hormis le projet affirmé d’un jardin “Toy Story”, d’un jardin anglais à l’effigie de Peter Pan et de thèmes fixés autour des personnages Disney. Le plan d’eau pourra en tout cas jouer sur la diversité en assumant le même rôle que les hubs centraux des Magic Kingdoms. Se développera autour de lui un panorama sur les lands environnants. La promenade « fantaisiste » offrira ainsi une vue sur le Hollywood Terror Hotel, le château d’Arendelle, RC Racer et la zone toujours en gestation.

Il n’est pas absurde de penser à une thématisation totalement originale pour la zone complète et le restaurant. Hormis Peter Pan déjà présent sur un concept art, peut-on attendre aussi les autres univers campés à la Belle Epoque, entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle ? Mary Poppins et ses saynètes féériques, Tarzan et sa jungle, les Aristochats et la Belle et le Clochard, leur Paris et leur Londres à la fois figés dans le temps et festifs ?

Tout laisse à penser pour le moment que ce seront surtout la légèreté des formes et le rapport à la nature qui constitueront l’inspiration originale de la promenade du lac et du style annoncé « Art Nouveau » du restaurant. Le concept art signale  des emprunts à des motifs iconiques de l’Art Nouveau : marquise des fenêtres inspirées des bouches du métro parisien dessinées par Hector Guimard, fenêtres arrondies de la maison Saint-Cyr de Bruxelles, par exemple.

C’est aussi une ambiance festive bourgeoise qui est représentée avec la présence de nombreux lampions qui rappelle les débuts de la “Fée électricité” dans les bals verdoyants semi-urbains du XIXe siècle peints par Jean Béraud et Auguste Renoir.

Le Dîner aux Ambassadeurs de Jean Béraud (vers 1880)
Le Bal du Moulin de la Galette d’Auguste Renoir (1876)

L’esthétique de la finesse et de la courbure des motifs s’adapte totalement au projet de réenchanter le complexe autour, entre autres, des princesses. L’Art Nouveau peut être assez fantaisiste et intemporel pour accueillir tous les personnages dans leur diversité. Cette esthétique est aussi dans la mouvance du parc à se rattacher à des éléments reconnaissables de la tradition du divertissement et du savoir-vivre français, comme les Folies paysagères du XVIIIe siècle, les bals, les guinguettes au bord de l’eau, mais surtout les premiers parcs d’amusement : Luna Park à Porte Maillot, Magic City au quai d’Orsay.

Les emprunts “Art Nouveau” du concept art de la zone du lac (à gauche : les marquises des bouches de métro d’Hector Guimard ; à droite, les fenêtres arrondies, comme sur la façade de la maison Saint-Cyr à Bruxelles)

Réponse à une tendance contemporaine

L’arrivée de ce hub propice à la flânerie, mêlant l’élément aquatique à la verdure, répond enfin à une réalité tendancielle. L’agrément, la légèreté, le tourisme lent sont plébiscités dans les pratiques contemporaines. Les Jardins de l’Imagination de Shangai Disney Resort et les Villages Nature seront peut-être des sources d’inspiration structurelle et esthétique. Enfin, de nombreux parcs se développent autour d’un plan d’eau qui est source d’unité, alors que le lac du Disney Village demeure en périphérie dans la zone des hôtels et que le hub du Parc Disneyland ne joue pas ce rôle d’invitation à la pause et à la flânerie. Les Walt Disney Studios vont ainsi se doter d’un espace de détente interne au parc, à la fois nécessaire à l’exploration du parc et propice au ralentissement du mouvement.

Il n’est donc pas forcément choquant que les différents univers se mélangent visuellement autour du lac, voire d’un univers à l’autre. On peut espérer que la cohérence se lira ailleurs, dans l’expérience sensorielle et contemplative du panorama.

Share this article
Shareable URL
Prev Post

Retour sur le Gala Européen des Gardiens de la Galaxie Volume 3

Article suivant

Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 – Une conclusion attendue

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A suivre
Abonnez-vous à notre newsletter!
Recevez les meilleurs bons plans et les dernières actualités concernant Disneyland Paris sur votre email!