Disneyland Paris fête aujourd’hui son 31e anniversaire et relancera pour l’occasion le spectacle nocturne qui avait fait le succès du parc il y a une dizaine d’années : Disney Dreams. Mais alors que le Resort souffle une nouvelle bougie de son existence, quel bilan tirer de l’implantation du parc Disney en France ? Retour sur 31 ans d’existence et analyse des perspectives pour l’avenir.
Une implantation complexe à l’origine
On ne refera pas l’histoire une millième fois. Mais pour faire simple, les débuts de Disney en France étaient tout sauf gagnés. Dans le courant des années 1980, alors que l’Europe est au coeur de toutes les attentions, The Walt Disney Company annonce son intention de construire sur le continent une destination touristique d’envergure : le premier parc Disney européen, très largement inspiré de la structure américaine qui a fait son succès. Très vite, deux pays se tirent la bourre pour accueillir Disney : la France et l’Espagne. La France propose le site de Marne-la-Vallée, en Ile-de-France, à quelques dizaines de kilomètres de Paris, et l’Espagne positionne Salou, non loin de Tarragonne, à une heure de Barcelone.
Très vite, la France bataille pour que Disney choisisse Marne-la-Vallée, en déroulant notamment à l’entreprise des conditions d’implantation exceptionnelles concernant les terrains qui constitueront la zone du Resort, ainsi que les infrastructures que l’Etat se charge de développer : RER, Gare TGV, prolongement de l’autoroute, … bref : Disney obtient des conditions très attractives et fait l’impasse sur le soleil catalan pour l’image d’une destination parisienne.
Une fois le projet lancé, l’accueil des Français en eux-mêmes n’est pas des plus agréables. Disney est présenté comme le géant qui veut américaniser la Seine et Marne et détruit les champs des agriculteurs. Les travaux d’aménagement du Resort sont très suivis. Les images font régulièrement l’objet de sujets dans les JTs tant le projet est faramineux : un parc d’attraction, un château, une ville américaine, un far west et plusieurs hôtels composés de centaines de chambres sortent de terre en quelques années à peine.
Le 12 Avril 1992, Disneyland Paris ouvre ses portes aux visiteurs européens au terme d’une cérémonie spectaculaire, diffusée sur les télévisions du monde entier. L’année de l’ouverture, année européenne, voit des millions de visiteurs se rendre sur le Resort.
Pourtant, rapidement, dans les années qui suivent le lancement, la fréquentation stagne. L’excitation diminue, Disney ressent le besoin de se relancer. Très vite, le parc prend un nouveau virage, estimant son offre trop familiale et trop peu axée sur les sensations, dont sont pourtant friands les visiteurs européens. C’est pour cela que les attractions Space Mountain et Indiana Jones – le temple du péril sont construites.
Disney veut aller vite, et se lance dans une course effreinnée à la nouveauté, en lançant dès 2002 un second parc : les Walt Disney Studios. Très largement inspiré de Disney’s Hollywood Studios en Floride, il n’en a ni l’envergure, ni les attractions, ni le charme. Trop petit, il est vite boudé par les visiteurs et ne permet pas de relancer l’attractivité de l’attraction comme prévu.
Les années 2000 marquent globalement une passe difficile pour Disneyland Paris, qui souffre d’un manque de rentabilité et des conséquences de la crise financière. En conséquence, le parc investit peu et les nouveautés se font rares. Crush Coaster, Cars Quatre Roues Rallye et Toy Story Playland viennent finalement donner un coup de jeune au parc Walt Disney Studios afin de compléter un parc jugé trop vide. En 2014, c’est Ratatouille – l’aventure totalement toquée de Rémy qui ouvre ses portes. Disney espère grossir peu à peu son second parc.
Les 25 ans de la destination, célébrés en 2017, marquent un tournant dans la gestion du parc. Ils sont marqués par une vaste politique de rénovation des infrastructures, maltraitées depuis 1992. La direction impulsée par Catherine POWELL redonne un coup de polish à une destination qui en avait bien besoin. Dans le même temps, Disney, conscient de la nécessité de sortir Disneyland Paris de ce brouillard financier pour assurer sa pérennité procède au rachat de la destination, jusqu’alors détenue par une variété d’actionnaires. La destination lui appartient pleinement, la firme reprend les choses en main.
En 2018, Bob IGER, CEO de The Walt Disney Company, annonce investir 2 milliards d’euros dans Disneyland Paris afin d’agrandir le parc Walt Disney Studios autour de 3 nouvelles zones thématiques et d’un lac : Avengers, Frozen, Star Wars. Le projet, étalé sur 7 ans, doit voir le jour d’ici 2025, des délais très largement perturbés par la pandémie de Covid-19.
Au printemps 2022, Disneyland Paris fête en grandes pompes son 30e anniversaire, au terme d’une célébration dynamique, notamment marquée par la première phase d’expansion du parc Walt Disney Studios à l’été 2022 : Avengers Campus.
En 2023, Disneyland Paris célèbre ses 31 ans au coeur du Grand Final de sa célébration trentenaire.
Un parc qui se cherche encore dans un contexte européen de plus en plus concurrentiel
Non, Disney n’était pas le premier à amener en Europe le concept de parc d’attractions. Le parc Astérix ou encore Europa Park étaient implantés bien avant la firme américaine. Mais l’arrivée de Disney a donné l’impression d’anéantir la concurrence : impossible de concurrencer goliath pensait-on.
Or ces dernières années, les autres parcs européens, bien plus enclins à investir dans des nouveautés, ont démontré leur capacité à innover et à se démarquer. Avec des nouvelles attractions à rythme beaucoup plus fréquent, des destinations comme Port Aventura, Europa Park ou encore Eftling semblent de plus en plus à même de rivaliser avec Disneyland Paris. Toutes ont d’abord misé sur des attractions à sensations fortes pour se démarquer de Disney, mais leur capacité à développer des attractions immersives, et des univers thématiques très travaillés les rend tout à fait légitimes à piquer les visiteurs de Disneyland Paris.
Désormais, la nécessité pour Disney d’aller de l’avant, massivement
Ces dernières années, Disneyland Paris a fait des efforts colossaux. Le parc s’est littéralement transformé depuis 2015, en engageant notamment des travaux de rénovation massifs de ses attractions, de ses lands, en révisant des systèmes qui ne l’avaient jamais été et en adaptant son offre. Les hôtels ont quasiment tous été rénovés, et les principales attractions du parc ont été révisées de font en comble. Bref, en quelques années, même si ces fermetures temporaires ont été difficiles, le parc s’est transformé pour enfin se conformer aux standards d’excellence qui qualifient tous les parcs Disney.
Mais désormais, une condition reste comme en suspens pour que Disneyland Paris soit une destination comme une autre : l’investissement. Oui, certes, 2 milliards d’euros ont été annoncés il y a désormais 5 ans, mais quelles perspectives après cela lorsque l’on voit les délais nécessaires à la construction de tels projets ?
Disney semble mis au défi, par la direction de son entreprise d’abord, par la concurrence ensuite mais aussi par ses visiteurs de continuer à se réinventer et à proposer des expériences nouvelles. Les possibilités sont nombreuses et l’imagination des créatifs de l’entreprise sans limite.
Quel avenir pour le parc Disneyland, lui qui n’a connu comme récent changement que l’arrivée de Buzz Lightyear Laser Blast (et Star Tours remodelé!) ? Il semble être l’un des seuls parcs de type “Magic Kingdom” au monde à ne pas s’être agrandi dans les dernières années : Star Wars en Californie, Tron en Floride, Frozen à Hong Kong, Zootopie à Shanghai, …
Et puis, sur quelles licences misera Disney au parc Walt Disney Studios pour les potentielles expansions futures autour du lac ? Le mystère reste encore entier.
En tous cas, Disneyland Paris a bien raison de célébrer son anniversaire. Le parc revit après des années compliquées, et son futur, encore très incertain, ne peut qu’aller vers le mieux. Joyeux anniversaire!
