C’est quoi le problème avec Disney+ ?

Lancée fin 2019 sur quelques territoires, la première année de Disney+ a eu tous les signaux au vert durant sa première année. On se souvient encore du Disney Investor Day (11 décembre 2020) qui annonçait de nouveaux projets à la pelle, l’ajout de la section Star, l’arrivée de la plateforme sur de nouveaux territoires et surtout un nombre d’abonnés incroyablement élevé qui dépassait largement les espérances de la Walt Disney Company. Ensuite, l’effervescence a continué jusqu’à dépasser le nombre d’abonnés de Netflix (en cumulant ESPN+, Hulu, Star+ et Disney+) ! Aujourd’hui surprise : Disney+ serait en réalité trop coûteux, avec un nombre d’abonnés en baisse !

Pour rappel, en novembre 2022, Bob Chapek annonçait que les pertes opérationnelles de la plateforme sur un an sont passées de 800 millions à 1,47 milliard de dollars, mais que celle-ci sera rentable à partir de 2024. De plus, le mois dernier, Bob Iger (alors nouveau PDG) annonce une perte de 2,4 millions d’abonnés à travers le monde au cours du dernier semestre, une première ! Ces chiffres sont surtout dûs à la perte des droits de retransmission de la ligue de cricket en Inde, mais traduisent tout de même le ralentissement de la plateforme. Malgré un catalogue gigantesque, une image de marque forte et des débuts si réussis, comment Disney+ peut se retrouver tant en difficulté aujourd’hui ? C’est ce que l’on va tenter d’expliquer dans ce dossier.

Disney n’est plus un événement

Pour mieux comprendre le présent on va faire un petit voyage dans la décennie qui nous précède : les années 2010. Synonyme de Nouvel Age d’or, Disney était maître du box-office avec les sorties de Marvel Studios, Star Wars, Pixar, Disney Animation, les remakes Disney ou encore la saga Pirates des Caraïbes. Cette période se finit en apothéose avec l’année 2019 : record au box-office pour l’entreprise, rachat de la 21th Century Fox et lancement de Disney+.

Ce qu’il faut retenir de cette période, c’est que CHACUNE des productions Disney était un événement attendu, ambitieux, qui a marqué le cinéma et la sphère Disney. Il y avait pourtant un rythme soutenu d’une sortie en salle par mois ! Le plus étonnant ? Même les bides ont été des événements commentés et défendus par une partie du public (Lone Ranger, A la Poursuite de Demain, John Carter) !

Le comparatif avec aujourd’hui est triste : Disney n’est plus un événement, surtout sur Disney+. On décèle dès lors le premier problème de cette plateforme. Trop peu de promotion/communication, trop de sorties par semaine, des ambitions au rabais… La sortie d’une œuvre exclusivement sur Disney+ en est devenu invisible, même pour les fans Disney ! Dernier exemple en date : Le Pari de Chang. Le dernier film de Walt Disney Pictures (Maléfique, Pirates des Caraïbes, Tron, Lone Ranger…) n’a fait parler personne, parce que personne n’a entendu quoique ce soit sur ce film. C’est pourtant bien dommage, car sans être exceptionnel ou original, le personnage principal est bien écrit et la relation mère/fils est plutôt touchante. Ce syndrome semble dès lors toucher la majorité des productions. Ainsi, qui a entendu parler de L’étrangleur de Boston ? Alaska Daily ? Disparue – Le Cas Morgan Nick ? Chasing Virgins ? Grimcutty ?

Qui en a entendu parler ?

Difficile dès lors de faire des succès tels que Stranger Things, Dahmer, Squid Game ou Don’t Look Up chez Netflix, lorsqu’une nouvelle œuvre est lâchée presque secrètement sur Disney+.

Une ambition artistique portée disparue

On va commencer cette partie avec quelques exemples :

  • Côté séries : She-Hulk, Miss Marvel, Star Wars: Galaxie Sonore, Turner & Hooch, Doctor Doogie, Tierra Incognita, Allegra, Week-End Family, Willow
  • Coté films : Maman, j’ai raté l’avion ! (Ça recommence), Zombies 3, LEGO Star Wars : C’est l’été !, Pinocchio, Flora & Ulysse, Société secrète de la royauté, L’Âge de glace – Les aventures de Buck Wild, Grimcutty, Star Wars Biomes….

Je ne parle pas là de productions à la qualité moyenne, ni de déceptions, les œuvres cités ci-dessous sont de véritables tâches pour le studio Disney et méritent à elles seules un désabonnement. On se demande comment Disney a pu tomber aussi bas pour proposer autant de navets en si peu de temps. Comment le chef-d’œuvre Pinocchio a pu être aussi laid et dénué d’émotion (avec Zemeckis et Tom Hanks impliqués !) ? Comment un remake de Maman, j’ai raté l’avion peut-il être aussi ennuyeux ? Comment She-Hulk peut proposer des effets spéciaux si peu aboutis ?

Autant de questions qui se posent que d’argent mis en l’air et de potentiels gâchés (quand il y en avait un). Difficile de répondre à ses interrogations. Disney, dans sa soif avide de contenus, a certainement préféré produire en très grande quantité des œuvres pour alimenter sa plateforme. À bas la qualité, les artistes, les messages, les histoires, les effets spéciaux, l’ambition et place à la production en masse. Cette stratégie est d’autant plus paradoxale puisqu’elle n’est pas accompagnée d’une promotion efficace, si ce n’est qu’un calendrier mensuel relayé sur les réseaux sociaux.

Une plateforme “fourre-tout”

Disney a donc plein de films/séries/documentaires/concerts/événements provenant de ses nombreux studios et de tous les continents. Ce catalogue est très dur à mettre en valeur sur la plateforme. Cela est d’autant plus vrai pour les nombreuses nouveautés qui alimentent la plateforme. Disney+ devient ainsi une plateforme qui ressemble de plus en plus à un bazar où quelques navets airent. Difficile pour les abonnés de faire du tri entre toutes ces marques : Disney+ Original, Star Original, ESPN Original, Hulu Original, films exclusivement distribués sur Disney+, acquisitions temporaires, Patagonik, A+E Studio, 20th Digital Studios, National Geographic, Marvel, Marvel Studios, Onyx Collective, Disney, Disney Animation, Walt Disney Pictures, Pixar, Star Wars, Lucasfilm, Muppets Studios, ABC, Freeform, Touchstone, Hollywood Pictures, Disneynature, 20th Century Studios, Searchlight Pictures, New Regency, Disney Channel, Disney Junior, Disney XD, Disney Television Animation, FX…

Alors que Netflix met davantage en valeur ses nouveautés via son accueil et ses réseaux sociaux, Disney peine à réussir dans cette communication. Pire encore, des films disparaissent magiquement de la plateforme ! Outre les films français qui s’en vont du jour au lendemain sans prévenir, les productions Disney disparaissent également. On a ainsi du dire adieu à Taken, Le Transporteur, les films Spider-Man, McFarland, L’Incroyable Hulk, Dernière Danse, A Tombeau Ouvert, Le Poids du Déshonneur, Nixon, 28 jours plus tard, Cléopâtre, Wall Street, Destino, Eddie the Eagle, I Origins, Morgane, James et la Pêche Géante, Iron Man

Wanted : Elizabeth Taylor disparue

Rappelons-le, Disney+ avait fait comme promesse un catalogue fixe qui ne fait que s’enrichir avec L’ENSEMBLE du catalogue Disney. Et oui, on cherche toujours les films Terminator, Indiana Jones, La Boîte à Musique, Les artisans du rêve, Les Fantômes du Titanic, Une histoire vraie, Sixième Sens, Evita, Abyss, Cheval de Guerre, Le BGG, Ed Wood, L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, Le Renard et l’Enfant, etc. Et idem pour les séries The Walking Dead, Zorro, Mickey Mouse Club, Murder, Fargo… (pour le catalogue français).

Les bonnes productions originales existent pourtant ! 

Et oui ! Malgré les critiques que l’on a pu faire à l’égard de la plateforme, plusieurs productions originales méritent que l’on s’y attardent. On regrette d’ailleurs qu’elles n’ont pas fait parler davantage, surement à cause du manque de promotion et d’un nombre trop grand de nouveautés qui se retrouvent toutes noyées entre elles. Voici notre sélection :

  • Les Gardiens de la galaxie – Joyeuses Fêtes : On retrouve nos personnages si attachants dans ce téléfilm de Noël drôle, divertissant et qui n’a d’autre prétention que de faire passer un bon moment en famille. Il réussit très bien sa mission !

  • Togo : Inspiré d’une histoire vraie, Togo relate une course au sérum éprouvante, qui tient en haleine, porté par l’excellent Willem Dafoe.

  • Prey : Ce film réussie l’exploit de proposer un bon opus sur le Predator ! Cela n’était pas arrivé depuis la sortie du film original en 1987. Dans ce survival, on est au côté d’une Comanche qui est confrontée à la créature. Simple, mais très efficace, Prey mérite d’être vu par les amateurs du genre !

  • Barbare : Film d’horreur intéressant et à la fin extrêmement frustrante, il vaut néanmoins le coup d’être vu. Le début est tout de suite efficace, deux personnes ont réservé le même Airbnb, qui regorge bien des surprises. Les idées de Barbare auraient pu en faire un des meilleurs films du genre. Malheureusement celles-ci sont mal développées, mais l’ambiance reste réussie et les spectateurs se retrouvent néanmoins surpris à de nombreuses reprises.

  • Pam & Tommy : Porté par un excellent duo d’acteurs (Lily James & Sébastian Stan), cette série se penche sur la sextape de Pamela Anderson et Tommy Lee qui a fuité en 1995. Excellent voyage dans l’effervescence des années 90 et les coulisses de la musique, de la télé et du cinéma, le sexisme de l’époque est ici abordée intelligemment à travers les yeux de l’actrice.

  • The Dropout : Une excellente série-biopic sur Elizabeth Holmes, fondatrice de Theranos, entreprise médicale qui a donné de faux diagnostics et coupable de fraude. La série nous place du côté de la coupable, afin de mieux comprendre son parcours, avec une Amanda Seyfried excellente dans son rôle.

  • Baymax! : Cette mini-série se regarde très rapidement, grâce à 6 petits épisodes mignons et matures. On suit Baymax dans ses missions d’infirmier de San Fransokyo, dont les rencontres vont être touchantes.

Disney+ est donc en perte de vitesse aujourd’hui. En tant que consommateurs, il parait clair que le choix de la quantité par rapport à la qualité a clairement été une balle dans le pied de l’entreprise. Finalement, après bientôt quatre ans de service, très peu de productions originales ont su marquer le grand public (Luca, Soul, Raya, The Mandalorian, Andor, Only Murders in the Building, Loki et WandaVision pourraient faire partie de cette catégorie). La faute à des œuvres qui sont noyés dans un catalogue mal organisé, une communication inexistante ainsi qu’une qualité très souvent décevante. Bob Iger semble tout de même vouloir remettre la plateforme sur le droit chemin, en réduisant d’abord le nombre de sorties sur la plateforme. Une décision que l’on ne peut que saluer, à condition que la qualité et la promotion suivent. Espérons qu’un jour, les distributions d’œuvres de la Walt Disney Company redeviennent des événements attendus, même sur Disney+.

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