Artemis Fowl – Un rendez-vous raté

Fiche Info
Judi Dench, Colin Farrell, Josh Gad, Nonso Anozie, Lara McDonnell, Tamara Smart, and Ferdia Shaw in Artemis Fowl (2020)
  • Date de sortie mondiale : 12 juin 2020 (sur Disney+)
  • Titre en VO : Artemis Fowl
  • Production : Walt Disney Pictures
  • Budget (hors promotion) : 125 millions de $
  • Réalisateur : Kenneth Branagh
  • Producteurs : Kenneth Branagh et Judy Hofflund
  • Scénaristes : Eoin Colfer (roman), Conor McPherson et Hamish McColl
  • Compositeur : Patrick Doyle

Création du film

Artemis Fowl a été un beau casse-tête à produire pour Disney avec plusieurs péripéties avant de finalement voir le jour sur Disney+. Tout commence à l’été 2013, Artemis Fowl est annoncé avec Michael Goldberg à l’écriture ainsi qu’Harvey Weinstein et Robert De Niro à la production. Le film partait alors sur de bonnes bases. Petit soucis de scénario plutôt habituel sur ce genre de super-production, le scénariste est remplacé Conor McPherson en 2015 et Keneth Branagh (Thor, Le Crime de l’Orient-Express) est annoncé en temps que réalisateur et producteur.

Le réalisateur Kenneth Branagh sur le lieu de tournage

Deux ans plus tard, le casting est annoncé et une date de sortie est trouvée, le 9 août 2019 (USA). En parallèle, Harvey Weinstein est évincé de la production à cause des révélations d’harcèlement sexuel qui ont été faites par le New York Times le 5 octobre 2017 (on vous conseille d’ailleurs le très bon documentaire L’Intouchable, Harvey Weinstein, qui traite entre autre des relations entre le producteur et Disney via la filiale Miramax).

Le casting du film (de gauche à droite : Ferdia Shaw, Josh Gad, Lara McDonnell)

En 2019, 4 mois avant sa sortie en salles, Artemis Fowl est repoussé de 10 mois. En avril 2020, à cause de la pandémie de Covid-19 et la fermeture des salles de cinéma dans le monde, le film sortira finalement sur Disney+ le 12 juin 2020.

Notre avis sur le film

Inspiré de la saga littéraire écrite par Eoin Colfer composée de 8 tomes (que nous n’avons pas encore lu), Artemis Fowl est la première adaptation de ces romans publiés principalement dans les années 2000. Si on en croit les différents médias spécialisés dans le cinéma, en cas de succès, Disney aurait adapté les autres romans pour en faire une grande saga cinématographique. Malheureusement, on ne ressent cette ambition qu’à la vue du budget de 125 millions de $, et non devant le film qui est très loin de construire de bonnes bases à une grande saga…

Avant tout, là on attendait le plus Artemis Fowl, c’était clairement pour son univers. Ainsi, celui-ci devait rappeler les contes irlandais, être empreint de féerie et de magie, ça devait être un lieu rempli de légendes datant de plusieurs siècles. Autant vous dire que ce fameux univers sous-terrain où vivent les fées, on ne le voit pas plus de 10 minutes, il ne dégage aucune ambiance et à part un plan large de la ville et un autre plan dans ce qui ressemble à un observatoire, on ne voit rien. C’est certainement le plus gros défaut qui aurait pu sauver les meubles : nous plonger dans cet univers vendu comme unique, où l’on n’aurait découvert ce monde merveilleux des fées, leur façon de vivre et les touches irlandaises auraient été bienvenues. A la place de cela, on a une sorte de grotte géante moderne et froide, dont on explore absolument rien.

A part le monde des fées, le monde des hommes ne fait pas non plus vraiment rêvé. Sensé mettre les paysages de l’Irlande en avant, à part les célèbres littoraux de l’île, on a pas l’impression de voyager. D’ailleurs, dans le film, aucun lieu de nous a vraiment marqué. Aucune scène ne dégage d’ambiance particulière par ses décors, ses costumes, sa bande-originale ou sa colorimétrie. Le Manoir des Fowl parait grand, froid et banal, alors que la majorité de l’action s’y déroule. Difficile donc de rentrer pleinement dans un film qui repose sur un univers qui est oubliable, froid, peu original et qui ne dégage rien de magique ou de fascinant.

Le second rendez-vous raté (le premier étant l’univers “magique” du film) est sans aucun doute les personnages. Heureusement qu’un beau casting a été réuni avec Judi Dench, Josh Gad et Colin Farell, pour que les personnages nous restent un minimum en tête. Niveau performance d’acteurs, ces stars s’en sortent bien en évitant le ridicule et en essayant de donner un véritable caractère à leur personnage. Les nouveaux acteurs tels que Ferdia Shaw et Lara McDonnell doivent porter le film sur les épaules, et s’en sortent comme ils peuvent. Le véritable problème, c’est en fait l’écriture des personnages. En effet, à l’écran, on a l’impression que chaque personnage reste toujours avec la même expression, le visage figé.

Ainsi, il est difficile de s’attacher à Artemis Fowl, un enfant très sûr de lui en costard qui ne doute jamais et dont le passé reste assez mystérieux, dont les relations avec son père et ses amis tiennent sur même pas 2 minutes de dialogue. Comment quelqu’un pourrait ainsi s’identifier à ce personnage ?Ensuite, les antagonistes n’ont pas de motivation expliquée et reste très mystérieux. Même si il peut être bon d’entretenir un mystère de ce type pour une future saga, ces forces obscures ne parviennent pas à impressionner ou à marquer les esprits. Enfin, un dernier exemple qui nous fait penser que le film partait d’un mauvais pied dès le scénario, c’est le traitement du personnage de Juliet Butler. Elle est être la meilleure amie d’Artemis et est présente les 2/3 du film. Le soucis, c’est qu’elle ne dit qu’une phrase de tout le film, mais reste présente comme un décor quelconque. A partir de ce moment, difficile d’introduire des personnages marquants et de faire fonctionner des relations qui paraissent crédibles.

Finalement, à part un bon casting, quelques beaux plans (on parle quand même de Kenneth Branagh à la réalisation) et un personnage qui sort un peu du lot pour être marquant (Mulch Diggums, interprété par Josh Gad), Artemis Fowl est un réel échec et une bonne déception. Cette adaptation souffre d’une ambiance irlandaise qui ne se fait jamais ressentir, un monde féerique que l’on n’explore pas, un rythme très rapide qui donne l’impression d’avoir coupé trop de scènes, et surtout des personnages mal écrits. Tout cela nous fait comprendre pourquoi Artemis Fowl a été distribué sur Disney+, ce film aurait été certainement un bide en salles et cette saga ne se composera sûrement que de ce seul film.

Avec Artemis Fowl, c’est encore un film original produit par Walt Disney Pictures qui subit un flop. Par “original”, on entend que celui-ci n’est pas un remake, une suite, un spin-off ou un prequel. Après Un Raccourci dans le Temps, Casse-Noisette et les Quatre Royaumes ou encore John Carter, Artemis Fowl rejoint la longue liste des blockbusters Disney à décevoir la critique et au box-office. La faute à des budgets souvent très gros, donc une grande prise de risque, et des films aux trop nombreux défauts pour fonctionner. Pour notre part, on a beaucoup aimé Lone Ranger et A la Poursuite de Demain, qui ont été de belles surprises malgré des longueurs pour le premier et un antagoniste raté pour le second. On espère cependant qu’avec le rachat de la Fox et la fusion des effectifs des 2 compagnies, Disney va relancer des films originaux ambitieux, qui seront de meilleurs qualités, nous avons d’ailleurs bon espoir pour Jungle Cruise.

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