Nous avons eu la chance de pouvoir participer à deux événements presses à propos du dernier-né des studios Pixar : Les Indestructibles 2 ! Ainsi, le 14 juin 2018, nous avons pu rencontrer Brad Bird (réalisateur), Nicole Paradis Grindle (productrice) et John Walker (producteur). Ensuite, le 19 juin 2018, c’était au tour de Gérard Lanvin (VF de Mr. Indestructible), Amanda Lear (VF de Edna Mode) et Louane (VF de Violette Parr) de se faire interroger par la presse.
Entretien avec l’équipe du film
L’équipe du film composée de Brad Bird et des deux producteurs nous confiait que faire à la fois un film de super-héros et de famille était un challenge. On apprend que les pouvoirs sont symboliques. En effet, Violette, qui est une adolescente timide et réservée veut se cacher derrière ses champs de force.
L’autre défi de taille était le fait qu’entre le premier film des Indestructibles et le second opus, il y a eu des dizaines de films de super-héros qui sont sortis. Brad Bird nous expliquait qu’il avait peur que cette suite soit une overdose pour le public. Il a donc réfléchi une bonne heure tout seul avant de décider de valider le lancement de cette suite. De plus, ce projet n’aurai jamais vu le jour sans John Lasseter car Disney était réticent quant à l’idée de faire une suite.
Brad Bird a sa patte artistique et sa manière de faire, cela vaut pour tout les réalisateurs chez Pixar, que ce soit Lee Unkrich ou Pete Docter. Il a beaucoup de reconnaissance pour John Lasseter. Par ailleurs, Domee Shi, la réalisatrice et scénariste du court-métrage Bao va réaliser son propre long-métrage d’animation Pixar dans le futur.
La scène entre Jack-Jack et le raton-laveur était une idée de Teddy Newton, et cette scène devait figurer dans le premier film. Brad Bird nous parle ensuite de ses inspirations, il a été très influencé par les séries animés des années 60 mais pas ceux des années 70 qu’il trouve mauvais. Il s’est alors inspiré des films d’espionnage où les méchants avaient plein de gadgets.
Une question est ensuite posée à l’équipe quant à la possibilité d’un troisième opus. Ils ne savent pas encore si il y aura un troisième opus cependant, le réalisateur nous a fait part de ses craintes lorsqu’il lisait sur internet les attentes très élevées du public. En parlant de projets, Brad Bird avait été contacté plusieurs fois pour réaliser des films de super-héros mais il a systématiquement refusé car il a déjà ses propres super-héros, la famille Parr (alias les Indestructibles).
Pour finir, une dernière confession de Brad Bird : Il préfère le méchant du premier opus, Syndrome, plutôt que celui du second. Pour l’équipe du film, un bon méchant se définit par un point de vue crédible et compréhensible.
Entretien avec les voix françaises
(Presse) Qu’est ce que ça fait de retrouver vos personnages 14 ans après ?
– Amanda Lear : Quand j’ai interprété cette bonne femme assez désagréable, les gens me disaient que c’était mon meilleur rôle, qu’il fallait absolument que je refasse Edna. On attendait donc avec impatience le retour de ces personnages.
(Presse) Vous vous souvenez de votre première rencontre avec Edna ?
– Amanda Lear : Au départ je la trouvais moche, je n’avais pas compris puisqu’on a toujours tendance à croire qu’il faut que l’on ressemble au personnage. Evidemment, comme ça n’est pas le cas, j’imaginais pas une seconde que je pouvais rentrer dans son caractère bien trempé qui ne supporte pas la contradiction, mais cela s’est très bien passé.
(Presse) Louane, racontez-nous comment ça se passe, comment on est appelée pour interpréter Violette ?
– Louane : D’abord, Disney France savait que j’avais très envie de travailler avec eux. Ils m’ont demandé de faire des essais, j’ai alors pété un câble. Cela se traduit par appeler ses sœurs en criant “Je suis en train de réaliser le plus beau rêve de ma vie !” et qu’elles me répondent “Disney ?!”. C’est un gros sentiment de fierté.
(Presse) Pensez-vous que vos voix respectives ont un super-pouvoir ?
– Louane : (Rires) Ah, ça c’est une question pour Gérard !
– Gérard Lanvin : Oui, je pense que nous avons des voix, c’est un don, et on s’en sert. En fait, on nous l’a fait découvrir et c’est à ce moment là que l’on prend consience que la voix, pour un acteur, est vraiment fondamentale parce qu’elle fait la différence.
– Amanda Lear : Il y a des voix qui vous calment, qui vous gérisse, qui vous donnent des érections instatanées (rires), ça dépend des voix.
– Gérard Lanvin : Oui, la mienne ! (Rires)
– Louane : Pour moi c’est différent parce que j’ai vraiment commencé par la musique parce que j’aime ça. Je n’ai pas compris tout de suite ce que je pouvais faire avec, mais on le comprend en regardant le visage des gens, je crois.
(Presse) Avez-vous l’impression d’être indestructible d’une façon ou d’une autre ?
– Amanda Lear : Je vous répond directement, oui. On est dans une société où on essaye facilement de nous détruire avec les problèmes, les jalousies, les rivalités… Donc on pourrait très facilement se laisser détruire, c’est ce qu’on appelle le burn out. Il faut donc s’efforcer mentalement à être indestructible. Même si moi, je ne suis pas indestructible, j’essaie.
– Louane : Je pense que mon indestructibilité est due à mon entourage, ma famille, mes amis, les gens avec qui je travaille, c’est ma plus grande force je pense.
(Presse) En même temps, un artiste, il a des failles, c’est ce qui le définit non ?
– Gérard Lanvin : Il en faut ! Un artiste n’est pas sûr de lui. Lorsque l’on critique le travail que l’on fait, on l’admet totalement mais il faut savoir que ce soit Amanda, Louane ou moi, nous faisons juste un boulot pour faire plaisir aux autres, pour distraire les gens, cela ne mérite pas forcément la méchanceté et la critique obligatoire. J’ai personnellement beaucoup d’admiration pour Amanda Lear car c’est une personne qui évolue dans un système difficile, elle a toujours été présente avec beaucoup de recul et de fragilité mais aussi de force. Je souhaite le même parcours à long terme pour Louane, mais ce sont des parcours dont il faut comprendre la difficulté et l’assumer, parce que c’est bien de notre faute si on est là.
(Presse) Est ce que la Louane adolescente a des points communs avec Violette ?
– Louane : Moi aujourd’hui non, mais dans l’adolescence bien sûr. C’est le côté rebelle et pas sûr de soi, et cela se déroule particulièrement à l’adolescence parce qu’on a l’impression que le monde est contre nous.
(Presse) Gérard et Louane, vous qui reprenez des rôles qui ont déjà été joués par d’autres, vous inspirez-vous de leur travail ? Comment avez-vous géré ce nouveau personnage qui a déjà été interprété par un autre ?
– Louane : On ne peut pas vraiment se calquer sur quelqu’un, on a des voix trop différentes des acteurs qui ont été là avant nous. J’ai donc fait comme si c’était la première fois que Violette existait alors que ça n’était pas le cas, la personne qui m’a le plus aidé c’était Barbara, la directrice artistique, je crois.
– Gérard Lanvin : Et bien moi j’en suis sûr. Un grand merci pour Barbara qui est quelqu’un de formidable, et les autres qui nous ont aidé. Nous sommes enfermés dans le noir pendant trois jours avec des gens qui savent ce qu’ils veulent obtenir. En cela, il ne faut jamais aller vers les trucs d’origine. C’est comme les remakes de films qui se calquent trop sur celui d’origine, il sont souvent ratés. On nous ne demande pas l’identique, donc, à partir ça c’est à vous de créer une expression à partir de vos émotions et de votre personnalité. Pour la voix, il a fallu la travailler un peu, faire correspondre l’intonation de la voix avec le physique du personnage. Comme Amanda, j’espère que l’on va pas devoir attendre 14 ans pour en faire un troisième car on sera dans un endroit où l’on nous foutra vraiment la paix (rires).
– Amanda Lear : C’est vrai que l’on ne recherche pas à imiter totalement la voix originale, c’est avec notre caractère que l’on essaie de rentrer dans les intentions du personnage.
– Gérard Lanvin : Il est plus facile de jouer un rôle au cinéma car on doit contrôler l’image, le texte et le rythme sans jamais avoir eu le moindre contact avec le truc. L’œil doit passer sur des images animées aussi précises, il faut alors être très attentif au jeu du personnage. Au contraire, dans L’Age de Glace où Manny a une trompe c’était plus facile alors qu’avec Les Indestructibles, il faut travailler avec les mouvements de lèvres, c’est un gros travail de comédien.
– Amanda Lear : Ce n’est pas comme au théâtre où l’on a des répétions pour rentrer dans le personnage, là c’est immédiat, il faut être bon dès les premières prises.
(Presse) La morale de l’histoire, c’est le fait que l’on a besoin de super-héros pour que le monde tourne. Dans la vie réelle, en a-t-on aussi besoin ?
– Louane : Moi je pense plutôt que la morale de l’histoire c’est que sans famille, la fin serait moins réjouissante. Evidemment ça tourne autour des super-héros puisque c’est le thème du film mais moi je pense que la vraie situation du film c’est à quel point la famille c’est important et comment on peut compter les uns sur les autres. Le vrai message du film c’est pas que les super-héros rendent la vie meilleure, c’est que ensemble, on peut rendre la vie meilleure.
(Presse) Est ce que vous préférez la famille Bélier ou la famille des Indestructibles ?
– Louane : Je vais vous répondre honnêtement, je n’ai pas de préférence. Ce que j’aime en général c’est la famille.
(Presse) Pour revenir sur ce que disait Gérard Lanvin, est ce que lorsque vous jouer des voix, vous avez le sentiment d’avoir plus ou moins de contraintes et de libertés ?
– Gérard Lanvin : On a plus de contraintes, ça c’est clair. Au cinéma, les acteurs travaillent avec leurs personnalités, il y a des attitudes à avoir ou non, alors que pour les dessins animés, il n’y a pas d’attitude à avoir. Le problème, c’est la technicité à comprendre et d’avoir le sens du jeu. En fait, c’est assez difficile par rapport au métier d’acteur devant une caméra, je pense que c’est plus pointu comme travail.
(Presse) Je voulais savoir si le message de tolérance et d’acceptation de l’autre vous tiens particulièrement à cœur. Et pour Amanda, est ce que vous avez déjà croisé durant votre carrière des personnes de la mode assez acide, comme Edna ?
– Louane : (Rires) Tout les jours !
– Amanda : On en croise souvent des bonnes femmes comme ça, des madames je-sais-tout, ça il y en a un petit peu partout. C’est un personnage féminin que l’on trouve de plus en plus de nos société et pas seulement dans la mode mais aussi dans le business, la restauration… Pour la tolérance, les super-héros ont été mis à l’écart dans ce film, comme des gens anormaux, on ne veut pas les voir, on essaye dans ce film de les sortir de leur cachette. C’est en quelque sorte ce qui se passe aujourd’hui avant les gens “différents”, on les cache, et c’est très bien d’en parler. Vous savez, je pense que les Pixar suivent beaucoup la société et l’actualité.
– Louane : Il y a cela pour les super-héros mais aussi pour mon personnage. Le fait d’être démasqué, d’avoir une double identité, il y a un vrai message d’acceptation de soi en plus d’un message de l’acceptation de l’autre. C’est un message pour les enfants mais aussi pour les adultes, il faut accepter les différences sans juger les gens. C’est un message humaniste et c’est assez fort pour un film d’animation de se dire que même ce genre de choses passent par l’éducation pour les enfants, c’est assez touchant.
(Presse) Voyez-vous ce film comme un film féministe dans la mesure où l’héroïne est une femme et que l’homme est au foyer ?
– Amanda Lear : Oui c’est vrai que pour la première fois, le super-héros est au chômage et s’occupe des enfants au foyer tandis que c’est sa femme qui part en mission et travaille. Il est vrai que cela est nouveau puisque jusqu’à présent, c’était plutôt le contraire.
– Louane : Je ne pense pas qu’il soit vraiment féministe mais plutôt humaniste, cela permet de montrer au gens qu’il y a des familles différentes et qu’en 2018 ce n’est plus la mère à la maison et le père qui travaille mais qu’il y a plein de types et de schémas de familles différentes. Je pense que ce n’est pas vraiment féministe, je pense que c’est plus large, il y a un côté d’égalitariste qui est presque omniprésent car on n’est pas pour un pouvoir aux femmes mais un partage des tâches.
(Presse) Je reviens au travail technique dont parlait Gérard, est ce que vous bouger lorsque vous faites les voix, et pouvez vous nous en dire plus sur votre travail pour ajuster votre voix ?
– Gérard Lanvin : Il n’y a pas de truc particulier, c’est un travail que l’on fait ensemble, en équipe. On arrive à trouver le ton exacte au bout d’un moment, puis après c’est bon, on a le personnage. On ne découvre rien avant, on découvre vraiment tout le jour où l’on arrive, ce serait intéressant d’avoir le film une semaine avant juste pour regarder les expressions parce qu’entre le rythme et les expressions, on n’a pas le temps car on est concentré sur du jeu qu’il faut saisir furtivement. On ne voit pas du tout le film avant, et on le voit en anglais, c’est à dire que le personnage de Louane, je l’ai entendu en anglais lors de l’enregistrement, alors qu’Amanda je l’ai entendu avec sa voix.
– Louane : Moi je vous ai entendu, je suis la dernière à avoir fait le doublage donc j’ai eu cette chance.
– Gérard Lanvin : On ne sait pas comment l’autre va répondre, on a découvert tout ça dimanche (lors de l’avant-première française), si oui ou non on avait bien travaillé. Mais grâce à Dieu, on a été rassuré par les gens qui ont travaillé avec nous, qui sont d’une telle générosité et d’un professionnalisme que l’on ne peut que leur faire confiance. On a besoin d’eux dans n’importe quelle situation. Ils nous dirigeaient vers ce qu’ils idéalisaient le plus chez nous, par exemple je ne prenais pas la voix que j’ai, qui est celle de tout les jours : la clope, les énervements… Ce qui nous transforme la voix et la rend grave. Pour moi, il a alors fallu remonter dans les médiums, après on chope le personnage et la voix devient naturelle. Pour donner l’énergie, on bouge en même temps que le personnage.
– Louane : Moi je faisais des champs de force tout le temps. Lorsque Violette fait un champs de force elle a un cri particulier, tandis que lorsqu’elle se prend un coup, c’est presque le même bruit mais légèrement différent.
– Amanda Lear : Oui, toutes les petites onomatopées sont très difficiles à faire.
(Presse) Merci beaucoup pour ces petits secrets de fabrication, merci à tout les trois.
– Gérard Lanvin : Moi je propose à Disney de faire une petite formation sur le doublage. Ils pourraient s’amuser en famille à faire le doublage du film. (Rires)
– Louane : Ce serait génial ! On dépose le brevet. (Rires)
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