Pour la réouverture des salles, Disney et sa filiale Searchlight Pictures dégainent fort avec le film Nomadland qui, pour rappel, a remporté au mois d’avril dernier l’oscar du meilleur film ainsi que celui de la meilleure réalisation pour Chloé Zhao et de la meilleure actrice pour son interprète Frances McDormand. Des prix loin d’être démérités puisque le film parvient à son but du début à la fin.
Nomadland, adapté du livre Nomadland : Surviving America in the Twenty-First Century de la journaliste américaine Jessica Bruden, retrace le parcours de Fern qui a perdu son mari, son travail et même sa ville après la crise de 2008. Celle-ci embarque alors sur les routes des États-Unis à bord de son van et parcourt le pays avec ses amis routard, tout en enchaînant les contrats de travail.
Avec Nomadland, nous sommes plongés vers un visage peu connu des États-Unis. En effet, le film nous fait découvrir la vie des nomades américains et nous pouvons y découvrir l’organisation de cette communauté. Ce qui fonctionne dans ce film, c’est la bienveillance que le personnage endeuillé de Fern trouve dans cette micro-société, dont les membres sont de vrais nomades et non des acteurs. Nous la découvrons à travers les yeux admiratifs du personnage et ces voyageurs dépeignent aussi l’Amérique post-2008, celle qui a laissé des millions d’américains sur la paille. Mais le film tire aussi sa réussite dans sa réalisation. Chloé Zhao dépayse le spectateur en choisissant des décors naturels, s’étendant à perte de vue, bien éloignés des décors urbains. Tous, nous mettent en contact avec la nature, ce qui constitue ici le but et la réussite du film. Nomadland, par ses plans larges et son rythme lent, nous propose une nouvelle expérience du réel à une époque où tout va de plus en plus vite et où les individus perdent le contact avec leur environnement mais aussi avec les autres. On pourra seulement reprocher au film quelques moments un peu trop longs.
On attribuera également une mention spéciale à la musique qui vient magnifier le film signée par Ludovico Einaudi.
Frances McDormand contribue grandement à la réussite de ce film. Non seulement elle interprète à la perfection cette femme endeuillé à la recherche d’un nouveau souffle mais elle suit complètement la lignée de la réalisatrice : proposer un regard sur les nomades dénué de tout jugement. Car le spectateur vit chaque instant aux côtés de Fern, tout au long du film. Peu de dialogues, ce sont justement les silences laissant place aux expressions de l’actrice qui nous émeuvent aussi bien lors de ses rencontres que dans ses moments les plus durs, et qui montrent le talent de l’actrice.
Le film aux travers de ses qualités visuelles , scénaristiques et pour son actrice principale nous bouleverse et nous conduit vers la réalité la plus fidèle à celle que vivent les nomades américains et va jusqu’à nous proposer une nouvelle expérience du monde, celle plus en relation avec la nature et les personnes qui nous entourent. Nous vous recommandons le film qui sort en salles dès le 9 Juin.