Vœux 2021 de Disneyland Paris : plongée dans l’atemporel

Comme l’a indiqué Disneyland Paris sur un post Youtube du 31 janvier 2021, il est de coutume de réfléchir à ses bonnes résolutions et d’adresser ses vœux avant la fin du mois de janvier. La vidéo de présentation des vœux s’inscrivant dans le renforcement de l’image de la mission du parc, il n’est jamais trop tard pour prendre la résolution d’écrire quelques mots à son sujet ! C’est dans un contexte de fermeture administrative que le parc a adressé à son public des vœux tournés vers les thèmes de l’espoir et du rêve. Il ne reste en effet au parc que l’axe de l’avenir pour envisager l’expérience concrète de ses visiteurs.

La fermeture de Disneyland Paris pendant la saison des fêtes a mis en avant l’actualité socio-économique de l’entreprise marquée par les négociations sociales internes et des actes de solidarité. La campagne des “watch parties” du confinement et le film publicitaire précédant la réouverture de juillet ont rappelé qu’un parc à thème est une rencontre entre un espace et des visiteurs. A l’inverse, le film des vœux de Disneyland Paris s’oriente vers une rhétorique plus abstraite : il rend compte de l’importance de la raison d’être du parc, comme une arme contre la rupture.   

Le parc tente de raccrocher les wagons du passé à ceux du futur, pour montrer que la force de son concept optimiste permet de lutter contre la crise, même sans le parc. Le titre de la vidéo des vœux, “Il est temps de rêver plus fort encore” en est un signe éloquent. Il est rare qu’un slogan fasse à ce point référence à un contexte socioéconomique et qu’il invite à passer l’éponge. Parmi toutes les stratégies d’enseignes qui ont adapté leur discours publicitaire à la pandémie, Disneyland a choisi l‘axe de la continuité temporelle assurée par une identité universelle.  

Le fragment du discours de Walt Disney en 1955 lors de l’inauguration de Disneyland Paris utilisé dans les 25 premières secondes de la vidéo est replacé dans le contexte récent de la fermeture administrative du parc transformé en défi et en épreuve, par le tour mythique et narratif connu consistant à enchanter la difficulté pour lui donner du sens et donc, un caractère supportable. La configuration audiovisuelle semble apporter le récit de fond suivant : les mots de Walt Disney résonnent et inspirent depuis un lointain passé la manière dont le présent peut se réfléchir, en continuant d’éclairer le présent comme des éclats de cristal.  

La métaphore du cristal rappelle celle des jeux de miroirs : le haut du tronc de Mickey, au premier plan, marque de la tradition, se reflète progressivement au second plan dans le tronc de Woody, dont on reconnaît l’étoile et la chemise et qui est représentatif de la nouvelle génération devenue mythique des productions Disney.

1.La revendication d’une solidité temporelle par une raison d’être universelle 

La dimension temporelle s’exprime dans l’alliage des références : la classique chaussure de Minnie, les volants de la robe de Belle et Dark Vador, tenants d’un passé maintenu en vie, se lient aux annonces d’un développement futur, avec l’apparition de Spider Man et de Captain America, figures des nouveaux lands en construction. L’invitation à rêver plus fort ne fait pas qu’affirmer la valeur éthique du parc : elle signe aussi la poursuite de projets d’agrandissement à dimension commerciale.  

Avec cette continuité à laquelle Disneyland Paris s’accroche, le parc s’inscrit dans un récit éthique, une raison d’être qui le rend solide dans son idée, mais aussi dans son projet d’aménagement concret. Il ressort inaltéré, malgré le contexte, grâce à cette mission originelle et universelle qu’il s’attribue.  Il est à ce titre intéressant de remarquer que, comme en 1992, l’importance est davantage donnée dans les communications-clés à l’inspirateur Walt Disney, qui était déjà mort à cette époque, plutôt qu’aux concepteurs matériels du parc : l’idée passe par-dessus du vécu. 

2.Des éclats de rêve à l’éveil de l’espace réel 

La structure de la vidéo laisse suggérer une deuxième interprétation possible : le parc rassemble les éclats de son identité pour se reconstruire une force. La vidéo se divise en plusieurs phases qui permettent de le démontrer : 

  • 1.des indices visuels tirés de l’univers de Disney se succèdent, observables dans du cristal, accompagnés du discours de Walt Disney lors de l’inauguration de Disneyland en 1955 ; 
  • 2.les éléments visuels d’élargissent ensuite à des personnages iconiques en contexte dans leur univers thématique au sein du parc, avec de brèves apparitions d’une jeune fille ; 
  • 3.la phase conclusive de la vidéo s’exprime dans la phrase “il est temps de rêver plus fort encore” en s’inscrivant dans des formes de kaléidoscope dont l’assemblage révèle progressivement la rosace de la tour du château emblématique du parc. 

Au-delà de la continuité du sens du parc, on peut aussi lire une progression où Disneyland Paris renaît de ses cendres. Ce ne sont bien sûr pas n’importe quelles cendres, puisqu’il s’agit de fragments cristallins et de la voix d’outre-tombe du fondateur. D’abord enfermés dans des éclats de cristal, les éléments visuels libèrent et se muent en paysages occupant tout le champ de l’image. Toute la philosophie du parc, censée permettre la matérialisation des rêves de l’esprit dans un espace concret, se trouve représentée dans ce récit du réveil. Elle est ramassé dans le kaléidoscope final qui se mue progressivement en l’icône ultime, l’œil-de-bœuf de la haute tour du château. 

3.Un enchantement transformatif 

Toutefois, l’espace concret ne paraît pas totalement être celui du parc. La vidéo nous emmène dans un parc rêvé, comme si nous étions plongés dans l’esprit endormi de la jeune enfant que nous apercevons à deux reprises. Ce sont moins des morceaux d’expérience de visite que nous voyons que des podiums où les personnages sont en représentation, transférés de leur film d’origine en deux dimensions à leur univers en trois dimensions. On voit l’expérience d’immersion telle que Disneyland Paris souhaite nous la faire vivre. La publicité est représentée par la publicité elle-même. 

Le parc est alors sublimé, transfiguré, dans une succession des formes qui cherche à en faire un univers poétique, à la manière de la publicité “Que serait la magie sans vous?”. Si la vidéo se termine par « Il est temps de rêver encore plus fort » et exprime la redécouverte du parc après une période historique de fermeture, l’aspect contextuel est gommé par la puissance de la magie qui, elle, ne connaît pas les ravages du temps. Disneyland Paris se réapproprie sa raison d’être, qui reste inchangée, dans un contexte qui ne l’affaiblit pas mais la renforce. Plus que la réouverture envisagée du parc, c’est la formule de l’enchantement telle qu’elle est montrée depuis l’ouverture qui est valorisée. Ce court film est un aveu de puissance. 

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