Billet adulte au prix enfant, un tarif qui nous change

On peut apercevoir sur nos routes et sur les quais des gares des affiches de Disneyland Paris promouvant l’offre en cours permettant d’acquérir un billet adulte au prix d’un billet enfant (cliquez ici pour accéder à l’offre). Sur les affiches, on observe le visage d’un homme ou d’une femme arborant un grand sourire, et leurs mains posées sur un mur. Ils semblent appuyés sur un guichet en essayant de se grandir, comme des enfants trop petits. L’idée générale de ces affiches est la suivante : en achetant un billet au prix enfant, je passe en tant que personne du statut d’adulte au statut d’enfant, et en acquiers les caractéristiques communément admises, comme l’enthousiasme exacerbé. 

Billet adulte au prix enfant : une régression vers nos jeunes années

Ces affiches montrent un double état d’euphorie. Premièrement, l’achat d’un billet adulte au prix enfant a un effet régressif : on retombe en enfance par l’achat de l’équivalent d’un billet à tarif réduit. Cette régression se traduit dans l’image par la taille réduite des adultes qui gardent cependant leur visage d’adulte pour que la publicité puisse acquérir tout son sens de transformation, de métamorphose. L’affiche produit ainsi un récit par l’oeuvre de cette asymétrie entre la taille des personnages et leur visage. Cette asymétrie est reprise dans le texte par le parallèle entre le mot « adulte » et le mot « enfant » mis sur le même plan par l’équivalence tarifaire, expliquant alors cette difformité et l’hybridité des personnages, tiraillés entre l’identité d’adulte et l’identité d’enfant.

Dépenser moins pour son billet pour en profiter plus dans le parc : la joie de ne plus penser à l’argent

Dépenser moins pour son billet pour dépenser plus dans le parc…

Deuxièmement, l’acquéreur du billet à tarif réduit est euphorique aussi par les économies réalisées grâce à l’offre promotionnelle. L’adulte oublie alors tout sens commun et se laisse aller à la folle joie et à l’insouciance d’un enfant. L’adulte, libéré de la contrainte financière, peut profiter au maximum de Disneyland Paris. Il accède ainsi sereinement à la promesse même de Disneyland Paris qui est de nous faire replonger dans les récits féeriques et mythiques de notre enfance. Ainsi, immergés dans cet état euphorique apporté par l’offre tarifaire promotionnelle, l’adulte ne se soucie plus de l’argent et, comme l’écrit Umberto Eco dans La Guerre du faux, il s’amuse à jouer dans les boutiques semblables à des maisons de poupées comme s’il jouait à la marchande, sans penser à l’argent qu’il dépense vraiment puisqu’il est en position d’enfant qui feint.

Entrer dans un parc d’attractions, c’est un peu laisser son identité de côté ?

En somme, la transaction financière permet une transformation de soi. La matérialité du billet, mise en avant sur la page internet dédiée à l’offre, a vocation à nous donner envie de posséder un ticket. Pour Marc Augé, dans Non-lieux, le billet qu’on acquiert dans un aéroport ou dans un parc d’attractions nous permet d’accéder à un certain état d’anonymat qui n’est pas déplaisant, car on met de côté son identité et sa vie, pour passer un moment dans un espace hors du temps, avec ses codes et son organisation propres. C’est cette nouvelle identité hybride que semble nous promettre ces affiches de Disneyland Paris.

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