Festival du Roi Lion et de la Jungle : une pub ironique ?

L’été à Disneyland Paris sera « Adventurelandien », avec la mise à l’honneur de deux dessins animés reproduits en images de synthèse récemment pour relancer leur popularité déjà grande : Le Livre de la jungle (revu en 2016) et Le Roi Lion (été 2019). Adventureland, à Marne-la-Vallée, a la spécificité par rapport à ses homologues de conjuguer différents imaginaires spatiaux lointains : la savane et la jungle, notamment, les deux cadres des films mis à l’honneur cet été.

Adventureland a déjà été valorisé par la nuit offerte en son cœur à deux heureux gagnants d’un concours au mois de juin, sur la base d’un « tweet de motivation ». Ce land n’est pas le plus grand, son monument-phare n’est pas une attraction majeure (La Cabane des Robinson). Son unité devient fragile et ambigüe par sa conceptualité (les espaces lointains associés dans l’imaginaire collectif européen à l’aventure) : ainsi, Indiana Jones côtoie les pirates du XVIIIè siècle et l’orient des mille et une nuits.

De plus, Frontierland rejoint également le festival, en apportant une scène de spectacles et son décor de l’ouest « chaud » partageant avec Adventureland l’esprit pionnier de conquête.

Pour conserver un fil rouge, cet article se concentrera sur le teaser de 30 secondes diffusé à la télévision et sur Youtube, promouvant le festival (à revoir ici).  Comment ce teaser, par sa représentation de l’espace, enrichit et réinvente-t-il l’identité des lands ? Et que dit-il de l’expérience d’une visite à Disneyland Paris ?

Les principes structurants du teaser

Il devient presque un cliché d’affirmer que les parcs Disney servent à la promotion des films sortis des studios, et vice versa. Je le disais encore dans un article précédent sur Ralph 2.0 et Casse-Noisette. Le film Dumbo, et tout récemment Toy Story 4, le confirment encore. Cette publicité montre cette même fusion, à travers le mariage du Roi Lion, de Frontierland et Adventureland.

L’espace

À part dans Fantasyland, les films Disney sont peu présents ou, du moins, discrets dans la structure narrative des lands du Parc Disneyland, ce qui change littéralement dans le projet des zones Marvel, Reine des Neiges et Star Wars aux Waly Disney Studios. Le teaser du Festival du Roi Lion et de la Jungle se structure autour d’une opération qui fait se fusionner la scène d’ouverture du Roi Lion et l’espace géographique du parc. Le château de la Belle au Bois Dormant apparaît au début comme un arbre au loin, au milieu des herbes hautes, Frontierland est visible à travers une vue aérienne, le Temple du Péril laisse apparaître sa cime au-dessus des arbres d’une dense forêt, le château réapparaît en se substituant au rocher des lions du film. Ainsi, les trois lands représentés s’unifient sous un thème unique par la force du fil rouge narratif de la scène d’ouverture du Roi Lion. Une bonne histoire aide toujours à recoller des morceaux éparses.

Les personnages

Si les décors du parc fusionnent avec l’action du dessin-animé, ou se substituent à ses décors, les personnages, eux aussi, connaissent ce phénomène. La Fontaine décrivait des animaux pour décrire l’homme, le teaser du festival montre des humains pour nous faire penser à des animaux.

Cet anthropomorphisme revisité apporte une dose d’humour. Les six jeunes adolescents sont dressés, tendus comme des mangoustes, la mère et sa fille portent des chignons sur la tête et adoptent une démarche rappelant des girafes, le bébé est hissé comme le lionceau Simba. Ce transfert comique de l’animal à l’humain dans la recréation de la scène inaugurale culte du Roi Lion rappelle en fait que le dessin-animé parle bien des humains, ce qui nous amène à observer la manière dont le teaser décrit l’expérience du parc.

Expérience du parc

Enchantement

Le teaser décrit l’expérience de visite d’un parc Disney. Des visiteurs sont collés à leur plan imprimé ou à leur smartphone avant d’être interrompus par l’appel de la réalité. Ce fil rouge narratif du teaser suggère que les éléments permettant d’organiser la visite ne résistent pas à l’enchantement opéré par le lieu lui-même.

Rassemblement

Le deuxième aspect de l’expérience du parc décrit par ce court film publicitaire est l’idée de déplacement et de rassemblement. Chaque plan montre d’abord un ou plusieurs visiteurs se dirigeant vers un point à contre-champs, caché aux yeux du spectateurs de la publicité, qui ne voit que l’attraction irrésistible opérée par cet évènement ou ce lieu.

C’est à la fin du film qu’on découvre que toutes ces personnes isolées venant de décors différents prennent une direction unique et prennent part à une expérience qui devient collective. C’est le principe structurel du parc qui rassemble en sa place centrale, le hub de Central Plaza, l’ensemble des visiteurs avant de les répartir dans les lands. Ainsi, le château est montré comme point d’entrée de la visite, point de rassemblement qui relie les visiteurs sur un chemin partagé, comme dans la tradition des publicités des parcs, où le château sert de porte symbolique.

Spectacle

Le troisième aspect, lié à ce point unique de rassemblement, est l’identité des parcs comme espaces de spectacle. Le point culminant d’une visite est en effet le spectacle nocturne devant le château : c’est le seul moment de la journée où tout le monde fait la même chose au même moment, comme dans la publicité du festival.

L’idée de spectacle rejaillit aussi dans l’épisode du bébé brandi par son père pour qu’il puisse admirer le spectacle symbolisé par le château. Le visiteur apparaît comme acteur du spectacle qu’il regarde : le bébé est dans la position de Simba montré à tous par Rafiki mais, en même temps, il est tendu à bout de bras pour qu’il puisse voir, comme spectateur ce qui se passe (comme font de nombreux parents lors des parades avec leurs enfants). Cette dualité rappelle la double situation des visiteurs (observateurs et acteurs) lors de la parade des pirates et princesses.

Conclusion: un début d’ironie chez Disney ?

Pour conclure, des événements « banals » d’une visite à Disneyland sont réintégrés avec un effet d’exagération grotesque (dans le sens littéraire de rendre très solennel ce qui ne l’est pas) dans la trame narrative du Roi Lion et produit ainsi de l’humour et fait sourire le spectateur face à son propre reflet de client enchanté et charmé. C’est là qu’est l’intelligence de la publicité : elle se sert d’une scène culte pour affirmer la force enchanteresse du parc tout en s’en moquant subtilement : les personnages de la publicité ont des gestes mécaniques, fidèles à l’image critiquée des touristes-robots.

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